Submissions from 2015-06-19 to 2015-06-20 (2 total)

I wrote 200 words about my thoughts at todays funeral.

Cyranno :

Certaines personnes deviennent policières pour le prestige, d'autres pour la justice. Cyranno Castal n'était pas un de ceux là. Il était devenu policier par vengeance. Non pas une vengeance classique, dirigé vers une personne, mais une vengeance abstraite. Il y eu un temps où il voulait défendre la veuve et l'orphelin, brandir fièrement le badge de la loi. Aujourd'hui, il était flic pour une raison très mesquine : il ne ressemblait en rien à un policier.

Cyranno était laid, effrayant à regarder. Il n'y pouvait rien, c'est ce que les gens pensaient en voyant son visage. La partie gauche de sa mâchoire était plus grosse que la droite. Son visage s'en retrouvait asymétrique, la bouche tordue. Quand il parlait, un observateur attentif pouvait voir que les dents de gauche était bien plus grandes que celles d'un humain, semblables à des crocs. Cette simple tare l'avait empêché de se faire des amis durant toute son enfance, et l'avait bien entendu privé de toute expérience amoureuse. Ceux qui disent que l'amour est aveugle semble oublié un simple fait : il faut aimer dans les deux sens pour que cela fonctionne. Cyranno n'avait tout simplement jamais appris à aimer, ou à rechercher l'amour des autres. Si il était tombé amoureux de quelqu'un, peut-être qu'avec de la patience et de la tendresse, il aurait pu conquérir le cœur d'une jeune demoiselle. Mais il avait peur du contact humain, peur des moqueries, et s'était renfermé sur lui-même.

Il s'accrochait à son boulot malgré tout, insolent, provocateur, pour se venger de l'image glorieuse qu'il avait enfant des forces de l'ordre. Les gens voulaient un policier gentil, serviable, soucieux de la protection de ses concitoyens ? Il leur donnait un flic insultant, brutal, obsédé par la capture des criminels. Il arrivait malgré tout à garder son boulot pour des raisons obscures. Peut-être que sa haine du crime restait pour ses supérieurs une qualité pour un policier ? Peut-être espéraient-ils qu'il s'améliore, et cesse de se comporter comme un connard fini ? Pour beaucoup, la raison était moins glorieuse : ses collègues savaient que virer un homme défiguré sous-entendrait que c'est son physique qui lui avait valu ce renvoi. En d'autres termes, en l'absence de fautes graves, son chef n'osait pas le jeter, de peur d'abîmer son image. Alors on le tolérait, et il continuait à s'occuper des affaires dont personne ne voulaient, en se plaignant à chaque fois.

C'est pour ça que lorsqu'on le convoqua à 5 heures du matin pour le briefer en urgence sur sa première affaire de meurtre, après trois ans à s'occuper de patrouilles et de querelles de voisinage, Cyranno su que l'affaire qu'on lui demander de prendre en charge puait. Elle ne lui accorderait ni prestige, ni promotion. Pourtant, il ne se plaint pas ce jour là. Parce que c'était une affaire de meurtre, et, par conséquent il allait devoir courir après un criminel. Et il détestait les meurtriers plus que tout au monde.

10h du matin, résidence les Villiers :

-Tu es enfin arrivé, Cyranno.

La lieutenante de police qui l'accueilli au saut de sa moto le regarda avec agressivité. Elle avait demandé à s'occuper de l'affaire, mais sa hiérarchie en avait décidé autrement. Un homme bien élevé l'aurait salué avant de lui répondre, mais Cyranno lui jeta simplement son casque pour qu'elle le rattrape, avant de la contourner sans un mot.

-Pour qui tu te prends ! lança-t-elle en colère.

En ouvrant la porte de l'immeuble, Cyranno l'entendit jeter le casque par terre. Il s'immobilisa, puis déclara sans se retourner.

-Les casques de moto c'est fragile. Maintenant que tu l'as cassé, il va falloir que je m'en rachètes un neuf. Je demanderais à la compta de prélever la somme sur ta paye, Axelle !

Il referma derrière lui la porte avant de se diriger vers les escaliers. L'enquête commençait.