Quand Evan entra dans la salle de classe, il fut surpris de constater à quel point elle s'était dégradé pendant son absence. Les pupitres étaient recouverts de graffitis, une fenêtre était fêlé, et un coin du tableau manquait. Deux autres élèves se trouvaient assis au premier rang, en train de feuilleter leurs agendas.

-Hé, vous deux !

Ils sursautèrent, surpris par le nouveau venu. Il restait une demi-heure avant le début des cours, ils ne devaient pas s'attendre à ce que quelqu'un vienne dans la classe aussi tôt qu'eux. Mais la principale surprise était l'identité de leur interlocuteur.

-Mc Dowell ! Vous n'étiez pas à l'hôpital ?

-J'en reviens tout juste. Le prof a dit quelque chose sur ma place ou je peux m'asseoir où je veux ?

-Les tables du fond sont libres, comme il veut que les places à l'avant soient prises en priorité. Mais ...

-Mais quoi ?

-La table du milieu est prise, alors ...

-Pas de problème, je me mets près de la fenêtre.

Quelque chose semblait gêné encore les deux bûcheurs du premier rang. Evan avait l'impression qu'ils voulaient rajouter quelque chose, mais qu'ils n'osaient pas en dire trop.

"Peut-être que c'est quelque chose sur le prof, il ne doit pas aimer qu'on utilise les chaises du fond comme excuse pour glander ou quelque chose comme ça."

Ignorant leur hésitation, Evan alla jeter son sac au pied du pupitre avant de s'installer. Léo choisit ce moment pour se manifester.

"J'ai remarqué qu'ils te vouvoyaient, est-ce une marque de respect de nos jours ? Tu ne sembles pas faire partie d'une famille noble."

"C'est plus une marque de crainte que de respect. J'ai eu une période assez violente, avec mon gang. Je m'étais calmé avant mon accident, mais ils doivent préférer me vouvoyer pour éviter les emmerdes."

"Je vois. Cette institution que tu appelles le lycée est intéressante, comment s'organise les castes en son sein ?"

"Tu dis vraiment des trucs bizarres. Il n'y a pas vraiment de castes à notre époque. Le principal décide du fonctionnement de l'établissement, les profs enseignent et les élèves étudient. Au final, les adultes sont supérieurs aux enfants, comme partout ailleurs."

"Alors, je suppose que le prof se trouve à l'arrière de la salle, pour les voir travailler ?"

"Pas du tout, il est sur l'estrade, tu ne voix pas son bureau devant le tableau ?"

"Vraiment ? C'est pourtant bien à côté de toi que se trouve le trône ? Je croyais qu'en tant que figure crainte, tu avais le droit de t'asseoir à côté de seigneur des lieux."

"Un trône, à côté de moi ?"

Surpris, Evan regarda aux alentours. Il compris rapidement ce que Léo désignait comme étant un trône. Le bureau au milieu de la dernière allée était propre comme un sou neuf comparé à la crasse ambiante du bâtiment. La chaise n'était pas une chaise à quatre pieds comme le reste de la classe, mais une chaise pivotante de bureau, confortablement rembourré. Ajouté au fait que l'ensemble était légèrement en retrait du reste de la rangée, l'impression dégagée était clairement celle d'un trône à l'écart de ses sujets.

-Qu'est ce que c'est que cette merde ? s'exclama Evan en se relevant brutalement.

Il s'aperçut que les deux élèves situés à l'avant regardait Evan et le pupitre de manière craintive, comme s'ils craignaient qu'il s'en approche.

"Dans quel merdier mon bahut s'est fourré pendant que je n'étais pas là ?"